Présentation des ateliers


Atelier #1, les murs, Bozier. Présentation, textes.


Atelier #2, StreetView, Flaubert, Bergounioux, Hodasava. Présentation, textes.


Atelier #3, Lycée absent ? Graff. Présentation, textes.


Atelier #4, Le banal explose à la figure. Kaplan. Présentation, textes.


Toutes les consignes. On peut aussi naviguer via le nuage de mots-clés sur le côté…


ateliers donnés par Joachim Séné, au groupe "Littérature et société"

de Michel Brosseau, professeur de Lettres au Lycée Jacques Monod de Saint-Jean de Braye

printemps 2014

jeudi 27 mars 2014

Murs oubliés

pendant que les élèves de Michel Brosseau écrivaient, je me suis prêté au jeu…
JS - 31/3/2014

C'est la tranche d'une ancienne maison qui est peinte sur ce mur, c'est à dire que ce mur est un mur extérieur de maison, mais au lieu de voir la pierre, du lierre, comme on en verrait sur n'importe quelle autre maison du quartier, on voit qu'une autre maison était collée là, et a été démolie, laissant apparaître la trace de ses anciennes pièces. Un salon jaune (ou était-ce une grande chambre ?), une chambre bleue, un papier peint fleuri (les toilettes peut-être, ou l'extrémité d'un couloir), du vert amande (salle de bain ?), la trace d'une cheminée. Comme si la maison avait été coupée net, laissant sa trace sur le mur voisin. Laissant place à la rêverie de ce qui fut là, des vies qui ont passé ici, dans ce qui reste à la place, c'est à dire le vide devant les couleurs des murs, au-dessus du terrain vague.


Posons ici une fenêtre, sur le mur jaune par exemple, le mur du salon, une fenêtre à montant de bois sombre, à rideaux blanc aux crochet, qui grince quand on l'ouvre ; ouvrons. La pièce n'est pas un salon, mais une salle à manger, il y a une grande table en chêne qui prend tellement de place qu'on se demande comment l'on peut tirer les chaises autour. Sur la table, un mort est embaumé. Sa famille, ses amis sont dans le salon, à côté, et dans la cuisine, je les entends murmurer, faire tinter quelques tasses, personne n'ose parler trop fort en présence d'un mort. Tout le monde est triste, c'est normal, mais heureux qu'il ait pu partir comme ça, à quatre-vingt six ans, dans son sommeil, calmement, après une soirée d'adieux prévue de longue date pour que tout le monde puisse venir, ceux de loin aussi. Et aujourd'hui, tout le monde va l'accompagner au crématorium, après que les pompes funèbres ont pu l'embaumer et l'installer là. C'est bientôt l'heure du départ, on termine le café, encore un biscuit, on range un peu, on se demande qui va suivre le corbillard en premier, qui va jouer le rôle de voiture balai, avec la route vide derrière. Et puis c'est l'heure, et tout le monde est soulagé, car il faudrait toujours pouvoir dire au-revoir deux fois : une fois au vivant, et une fois au mort.

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