Présentation des ateliers


Atelier #1, les murs, Bozier. Présentation, textes.


Atelier #2, StreetView, Flaubert, Bergounioux, Hodasava. Présentation, textes.


Atelier #3, Lycée absent ? Graff. Présentation, textes.


Atelier #4, Le banal explose à la figure. Kaplan. Présentation, textes.


Toutes les consignes. On peut aussi naviguer via le nuage de mots-clés sur le côté…


ateliers donnés par Joachim Séné, au groupe "Littérature et société"

de Michel Brosseau, professeur de Lettres au Lycée Jacques Monod de Saint-Jean de Braye

printemps 2014

vendredi 28 mars 2014

Oubliés

Adossée à un de ces arbres aux pétales roses inodores, la lycéenne fixait, de ses yeux gris, l'herbe grasse mêlée au sable dans laquelle elle jeta vivement un mégot avant de l'écraser brutalement contre le sol qui raclait sous sa chaussure. Des moineaux chantaient et on pouvait entendre le bruit des travaux de la rue d'en face causés par le mouvement de la grue et d'hommes se parlant. La jeune fille soupira légèrement, alors, laissant son regard dériver jusqu'à la petite route goudronnée à deux mètres d'elle puis, lentement, vers le mur couleur jean de l'ancienne école primaire maintenant désaffectée. Elle pouvait lire alors, sur des panneaux grisonnants « Danger de mort ». Elle se demanda alors pourquoi avait-on fait accrocher de telles choses sur les murs d'une ancienne école dans laquelle personne n'allait plus de nos jours. Elle abaissa les yeux sur les rideaux aux rayures verticales qui avaient tournés au jaune et au gris avec le temps, tous rabaissés. Elle se laissa alors glisser contre le tronc de l'arbre avant de s'asseoir en lâchant un bâillement. Alix ouvrit les yeux, les ferma puis, les rouvrit avant de lâcher un léger bâillement. Elle esquissa un léger sourire en coin, continuant de fixer le mur pas très haut de l'école et de se rappeler la première fois qu'elle était venue ici, avec des amis pour fumer son premier joint d'herbe, lors de son arrivée au lycée.


Mais soudainement, durant quelques secondes, plus aucun bruit ne fut. Le ciel bleu, sans nuages, se recouvrit sauvagement tandis que les oiseaux s'envolèrent vivement, comme s'ils cherchaient à fuir quelque chose. Les travaux avaient dû s'interrompre aussi puis-ce qu'Alix n'entendit que le vaste silence qui s'emparait alors des environs. Un coup de vent violent retentit, alors, les rideaux se soulevèrent laissant alors place à une fenêtre cassée. Les mèches de cheveux bruns de la jeune fille caressait son visage au souffle du vent du nord. Elle s'approcha d'un pas lent vers la fenêtre, se sentant légère. Elle n'avait pas l'impression de se contrôler, elle n'avait plus l'impression de sentir ses muscles mêmes. Elle se laissa alors guider par cette obsession qui la menait à cette fenêtre cassée sur laquelle elle passa doucement sa main. La jeune fille saignait mais n'y prêtait guère attention, semblant étrangement ne sentir aucune douleur. Elle regardait, à la place, la petite fille qui pleurait, recroquevillée sur elle-même en plein milieu de la sombre pièce. Rapidement, Alix passa au travers de la fenêtre afin de la rejoindre et de lui demander ce qui n'allait pas. La gamine releva alors la tête vers la lycéenne, lui lâchant un grand sourire avant de lui chanter : « Je t'ai eu, nananananère ». La jeune fille haussa alors un sourcil en la fixant ; il y avait quelque chose d'étrange chez elle. Après avoir cherché, elle remarqua l'étrangeté de sa peau très pâle et de ses yeux sans iris, ses yeux dont la pupille était totalement dilatée sur la surface visible de son globe oculaire. Alix sursauta soudainement tandis que la petite fille parti en courant vers la porte. La jeune fille décida de suivre la gamine à vive allure en criant et répétant alors : « Attends ! ». Au bout de la cinquième fois, la petite s'arrêta. Elle se redressa rapidement en gardant son grand sourire innocent. Elle annonça : « Jouons à cache-cache. » Alix fronça légèrement des sourcils et n’eut pas le temps de dire non que la gamine était déjà parti. La jeune brunette parti à sa recherche d'un pas hésitant dans les locaux abandonnés. La voix d'un petit garçon retentit alors : « Une souris verte qui courrait dans l'herbe » puis des ricanements d'enfants. Mais dans quelle sorte d'endroit se trouvait-elle ? Elle continuait de marcher en se mettant sur ses gardes ; elle avait l'impression de vivre un film d'horreur. L'ombre de la gamine passa à toute vitesse d'une salle à un couloir dont la couleur des murs se dégradaient tandis que les araignées les recouvraient d'une immense tapisserie à leur façon. Alix se mit à courir rapidement vers la direction par laquelle l'ombre s'était dirigée. Elle arriva alors dans une immense salle de classe dans laquelle notre brunette retrouva la petite fille aux yeux noirs ainsi qu'un petit garçon, de dos, qui, dès son arrivée, se remit à chanter : « Une souris verte, qui courrait dans l'herbe, je l'attrape par la queue.. » après quoi il se tut. La gamine se retourna vers Alix et se boucha les oreilles. Elle se mit à hurler de toutes ses forces. Les murs dégradés se réparaient, les fissures se rebouchaient, la couleur des murs initiaux revint tandis qu'une couleur sépia envahit la pièce. Quand elle s'arrêta de crier, des tables, des chaises, ainsi que plein d'enfants et une maîtresse se tenaient dans la pièce qui semblait comme une salle de classe normale. On vit alors un cours de maternelle se dérouler petit à petit avant d'entendre une musique de fond jouée par une boite à musique. Elle donnait un air inquiétant à la scène se passant. Rapidement, les murs explosèrent d'un coup et le bâtiment redevint rapidement endommagé, comme avant. Mais quelque chose avait changé : les élèves du passé étaient là, devant elle, tous avaient les mêmes yeux que la gamine ainsi que le même sourire. Ils s'approchèrent d'elle d'un pas lent en chantant la comptine de la souris verte en entier puis se mirent à courir après Alix qui se mit directement à fuir. Ils voulaient tous la tuer. Elle courut autant qu'elle pu avant de se retrouver dans la première pièce. Les gamins la suivaient à quelques centimètres. Elle poussa un cri tandis qu'ils tendaient les bras vers elle. Du sang se mit à couler de leurs bouches dont les côtés se déchiraient jusqu'aux oreilles, petit à petit. Leurs dents devinrent pointues, leur langue devint fourchue et, derrière eux, l’institutrice apparue. Elle semblait être un pantin de bois manipulée par des fils très fins qui reflétaient la lumière du jour et dont on ne voyait pas la fin. La maîtresse sourit en tendant le bras vers Alix : « Tu vas mourir. ». La brunette sauta vivement par la fenêtre avant d'abaisser le rideau jaunâtre vivement et de l'attacher en bas du rebord de cette dernière. Elle courut vivement jusqu'à l'arbre devant lequel elle s'était assise plutôt et s'y appuya rapidement avant de s'asseoir de nouveau, d'épuisement. 

Elle ferma les yeux, les rouvrit. Le soleil était là. L'obscurité de l'ancienne école ne lui manquait et ne lui manquerait jamais. Le son des travaux était revenu. Elle poussa un soupire de soulagement avant de diriger son regard vers la fenêtre par laquelle elle était passée, il semblait que rien ne s'était passé, mais elle, elle se souvenait, encore choquée, par les faits.

Océane Kalfa

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