Présentation des ateliers


Atelier #1, les murs, Bozier. Présentation, textes.


Atelier #2, StreetView, Flaubert, Bergounioux, Hodasava. Présentation, textes.


Atelier #3, Lycée absent ? Graff. Présentation, textes.


Atelier #4, Le banal explose à la figure. Kaplan. Présentation, textes.


Toutes les consignes. On peut aussi naviguer via le nuage de mots-clés sur le côté…


ateliers donnés par Joachim Séné, au groupe "Littérature et société"

de Michel Brosseau, professeur de Lettres au Lycée Jacques Monod de Saint-Jean de Braye

printemps 2014

vendredi 23 mai 2014

Le miroir

Il m'arrive souvent le soir de me regarder dans le miroir de ma salle de bain avant d'aller me coucher, mais ce soir là un sentiment d'étrangeté envahit mon âme. Je n'avais pas l'impression que c'était moi, que c'était mon image que le miroir reflétait. J'avais l'impression d'être enfermée, quelque part, invisible et que quelqu'un qui m'était pourtant si familier mais à la fois si inconnu avait prit ma place. Je ne me reconnaissais plus et l'intrigue m'envahissait. Je fermais les yeux, les rouvrait, laissant le jeu de lumière jouer avec mes pupilles qui se rétractaient rapidement. Je continuais à fixer mon reflet sans dire un mot. Je me suis retournée et ait fermé les yeux, puis, je les ai rouverts. Je me suis regardé de haut en bas avant de faire demi-tour vers le miroir, de nouveau. Je pus reconnaître mon visage un court instant avant de replonger dans un sentiment d'étrangeté totale. J'avais l'impression d'avoir perdu mon identité, de ne plus être moi-même. C'était moi, pourtant, et je le savais. Seulement, j'avais peur et je commençai à me poser des question en rapport avec mon identité, ma personnalité, mon regard sur le monde. Je me suis sentie vidée, apeurée, comme si ce visage que je connaissais tant avait changé, comme si je n'étais plus la même. J'avais envie de crier, du plus profond de moi-même et je continuais à me fixer, encore et encore, pourtant, sans dire un seul mot. Je me contentais simplement de regarder chacune des parties de mon corps avant de détourner, une nouvelle fois, les yeux vers mon visage qui paraissait désormais avoir un air moqueur, un air amusé, comme si mon reflet se fichait de moi, de mes réactions. J'avais l'impression de rêver ou bien d'être devenue folle. Après tout, ce n'est guère commun de ne pas se reconnaître en regardant son reflet dans un miroir avant de dormir. Je fermais mes poings, je les rouvrais, je fermais mes yeux, je les rouvrais. Mais toujours cette même sensation me revenait, comme un cauchemar sans fin. Qu'est-ce qui avait changé chez moi ? Qu'est-ce qui clochait ? étais-je devenue folle et bonne à enfermer ? Je ne savais pas quoi en penser et la peur régnait au fond de moi. Et je me demandais encore et encore « Pourquoi ? Pourquoi il m'est impossible de savoir si je rêve ? Pourquoi est-il impossible pour moi, de reconnaître le propre reflet de ma personne ? Ai-je changée ? Suis-je devenue folle ? » Toutes ces questions me trottaient dans la tête. Commençant à m'inquiéter à mon propre sujet, je sortis mon téléphone. Une heure était passée sans que je m'en sois rendue compte. Je composai je numéro d'un ami insomniaque pour lui demander ce qui n'allait pas chez moi. Il décrocha, alors je lui demandais si quelque chose avait changé chez moi, si j'étais quelqu'un de différente depuis qu'il m'avait connu. Il me répondit vivement que j'avais pris de l'assurance, de la fermeté, que j'étais devenue quelqu'un qui n'aimait pas montré ses faiblesses aux gens, que je souriais tout le temps. Il me connaissait bien, certes, mais cela ne répondait pas à mes questions. Lorsque je raccrochai, j'abaissai mes yeux au sol en me demandant encore pourquoi je n'arrivais pas à répondre à cette question qui s'était transformée en mystère total pour moi. Apeurée, intriguée mais à la fois intéressée par ce qui m'arrivait, je partis me coucher. Le lendemain matin, tout était revenu à la normal. Le soir, mon délire recommença et je commençai à m'en amuser bien que je restais intriguée.

Les hommes perdent leur identité de nos jours. Nous qui sommes censés être si différents sommes pourtant si ressemblants. Tout le monde rigole avec tout le monde, tout le monde est hypocrite avec tout le monde. Nous avons un caractère si différent des uns des autres mais pourtant si commun. L'humanité toute entière change pour devenir quelque chose de commun, un tout qui ne ferait plus qu'un dans toute sa totalité. La mode, le maquillage des filles, le style des garçons, la façon de parler. Tout ce qui, avant, avait l'occasion d'être unique, aujourd'hui est devenu toujours plus copié, toujours la même chose. Je ne comprends pas pourquoi chaque personne cherche à sortir du lot commun alors qu'ils ne font rien pour. Nous sommes comme des copies d'un prototype humain. Sommes-nous donc finalement tous pareils ? L'humanité me désespère et c'est en regardant dans le miroir que je m'en suis aperçu, ce soir là. Je ne sais pas pourquoi moi, ni comment cela m'est venu, mais je l'ai remarqué. J'ai ouvert les yeux sur la société.

Océane Kalfa

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